Mon bébé fusée !
« Pour cette première grossesse, je souhaitais accoucher physiologiquement dans une maison de naissance.
À la 41ᵉ semaine de grossesse, mon col est dilaté à 1 cm. Je ressentais un poids dans le bassin depuis quelque temps, mais rien ne semblait annoncer mon accouchement imminent.
Un soir, je me pose calmement, avec de la musique, et je fais des exercices de yoga, de ballon, je ressens le besoin de me détendre.
Le lendemain matin à 5h, la lourdeur de mon bassin est encore plus forte, presque douloureuse, je suis désespérée, et je t’envoie un message pour te demander des conseils pour aider le travail, car j’avais vraiment peur de me faire déclencher.
Découragée, je dis à mon conjoint que je veux aller à la salle de sport et faire du tapis pour marcher une heure, afin d’aider un peu les choses. Il me rassure et me dit de ne pas m’inquiéter, que le travail va se mettre en place et que mon bébé finira par venir.
À 9h, soudain, je ressens une très forte douleur. Je vois que tu m’as répondu mais je n’ai pas le temps de lire ton message, la douleur me paralyse et revient toutes les 10 minutes. Dès ce moment, tout s’enchaîne rapidement, je comprends que cette douleur provient des contractions, je suis lancée dans le travail, c’est intense et je ne me rends plus vraiment compte des choses autour de moi.
Je décide de prendre une douche chaude et je perds une grosse glaire de sang, les contractions sont toujours très intenses et se rapprochent, j’en ai des vomissements.
À 14h, la poche des eaux se rompt alors que je suis dans mon lit. Mon conjoint appelle la sage-femme, lui explique la situation. Elle nous recommande de venir à la maison de naissance. À 15h, nous appelons alors le taxi, je n’arrivais plus à marcher, j’avais peur de sortir et de ne plus arriver à gérer mes contractions. J’ai pensé à toi, à tous tes conseils. Et j’ai réussi tant bien que mal à m’installer dans le taxi. Pendant le trajet, je sentais une grosse pression en bas, j’avais envie de pousser. J’étais dans le déni, je ne me rendais pas compte que mon bébé était en train d’arriver.
Heureusement, nous arrivons à destination à 15h20. En sortant du taxi, j’ai eu une grosse contraction, et j’ai pensé à ce que tu m’avais raconté : lors de ton accouchement, quand tu allais récupérer ta fille à la crèche, tu t’étais mise en pause pendant la contraction, alors j’ai fait pareil. J’ai laissé venir la contraction, je me suis mise en pause, je l’ai accompagnée.
Entre les contractions, j’arrivais à rester active et libre de mes mouvements, la sage-femme est arrivée avec une chaise roulante mais j’ai préféré marcher jusqu’à l’intérieur.
Une fois arrivée dedans, je me suis sentie en sécurité, comme chez moi, ça y a fait beaucoup. Dans le hall, j’ai senti une grosse contraction, je me suis littéralement fait dessus (emoji caca). Tout était si flou, mon corps vivait le travail, je me concentrais sur la contraction, je ne me rendais pas compte qu’à tout moment je pouvais accoucher ici, dans le hall. C’était comme si mon cerveau me disait : « ok toi occupe-toi de ton corps, moi je gère le reste ».
"Je n'ai pas réfléchi, j'ai posé mes mains contre le mur, les jambes écartées."
Je n’ai pas réfléchi, j’ai posé mes mains contre le mur, les jambes écartées. La sage-femme me dit alors : « t’inquiète pas, ça va aller, t’es hyper forte ». Ces mots me rassurent tellement.
Elle m’entraîne dans la salle de naissance. Pas le temps d’installer le matériel et les bâches en plastique. Elle attrape vite un tapis de yoga, me propose d’aller sur le lit mais je n’ai pas le temps, je sens que c’est maintenant. Je m’installe à quatre pattes, sur le tapis, elle enlève ma culotte, heureusement que je n’avais qu’une robe. Je sens qu’elle me nettoie avec des compresses et de l’eau chaude. Cette sensation est divine, la chaleur me soulage tellement. Elle me dit « je vois la tête, courage ça va aller » mais elle n’a pas le temps de finir sa phrase que je lui demande en criant « pourquoi j’ai envie de pousser comme çaaaaaa ?! ». Je comprends alors que c’est le moment, mon bébé arrive. Soudain, je reviens à moi, je ressens de la peur, j’ai peur que ça se passe mal, que l’on doive me transférer. Mais je retourne vite dans les contractions. La sage-femme me dit de pousser. Lorsque je pousse, toujours à quatre pattes, je suis accrochée aux bras de mon chéri, je fais le dos rond, comme un chat en train de s’étirer. C’est un peu confus dans ma tête, je ne me rends pas vraiment compte, et en quelques poussées mon bébé est là.
Une fois mon bébé sorti, je suis en état de choc. Je ne le porte pas tout de suite, j’ai besoin de revenir à moi. Je le vois sous ma robe, mais je ne me sens pas prête de le porter tout de suite. La sage-femme pose mon fils sur moi quelques minutes pour le peau à peau, mais ce contact ne m’est pas agréable. Elles prennent mon bébé pour l’habiller pendant que le placenta sort rapidement, environ 2 minutes après l’accouchement.
J’ai enfin ressenti l’envie de porter mon bébé 20/30 minutes après sa naissance. Et c’est ok.
Aujourd’hui encore, je me rends compte à quel point ce fut fou. Le matin même, je t’envoie un message car j’ai peur de devoir être déclenchée, et quelques heures plus tard mon bébé est dans mes bras. Une aventure, rapide, intense, mais incroyablement puissante. »
As-tu fait une préparation à l’accouchement ?
Oui du coup avec toi.
Quels conseils donnerais-tu aux futures mamans ?
Je souhaite dire aux autres futures mamans que parfois, ça arrive de ne pas ressentir de coup de foudre instantané pour votre bébé, et ce n’est pas grave, ça ne fait pas de vous une mauvaise mère. Parfois, on a besoin de reprendre nos esprit, de se remettre de ce qu’il vient de se passer, et c’est complètement ok.
Mon avis en tant qu’accompagnante à la naissance :
L’accouchement d’Emilie a été incroyable ! D’une telle intensité, mais aussi rapidité, qui montre que l’accouchement n’est pas une science exacte. Que les premiers accouchements ne sont pas tous nécessairement longs, et qu’il est important de savoir écouter son corps pour partir de la maison quand c’est « le bon moment ».
